Enfonction du pays, le pass sanitaire européen pourrait ne pas avoir le même coût pour tous les citoyens de l’Union. Projet de pass sanitaire européen, « Insuffisant sur la protection des données » juge cet eurodéputé . 02:00. Mi-mars la Commission européenne a dévoilé son projet de certificat destiné à faciliter, pour les personnes vaccinées notamment, les voyages
Publié le 19/01/2021 à 16h31 , mis à jour le 19/01/2021 à 16h31 en collaboration avec Dr. Saverio Tomasella docteur en psychologie et psychanalyste Peur de déranger les autres, autocensure, positivité toxique… Pour différentes raisons, nous osons de moins en moins admettre que nous n’allons pas bien. Le psychanalyste et docteur en psychologie Saverio Tomasella nous rappelle pourquoi il est essentiel d’exprimer toutes nos émotions et de ne pas les refouler. Ce sont des petites phrases qui mettent la pression "Détends-toi !", "Lâche prise !", "Tu te prends trop la tête" ; des posts croisés sur les réseaux sociaux "Savourez l’instant présent", "Carpe Diem" ; des tasses ou des t-shirts sur lesquels sont écrits "Bonheur", "Smile" ou "Be happy". Partout autour de nous, le monde réclame que nous soyons heureux, "positifs". Mais ce qui semble partir d’une bonne intention prend souvent des allures d’injonction. À force de s’interdire de ressentir des émotions déplaisantes, certaines personnes n’arrivent plus à admettre qu’elles ne vont pas bien ou, pire, culpabilisent de ne pas être des smileys sur pattes. Selon le psychanalyste et docteur en psychologie Saverio Tomasella, cela s’explique d’abord par le contexte familial et/ou social dans lequel nous évoluons. Your browser cannot play this video. Une question d’éducation "Il y a des familles ou des groupes sociaux au sein desquels il n’est pas bien vu de se plaindre, pour des raisons culturelles notamment, expose-t-il. Dans les familles bourgeoises ou aristocratiques, il faut toujours avoir le sourire, se montrer de bonne humeur. Dans les milieux très populaires, par virilisme souvent, les garçons et les hommes ne doivent surtout pas dire qu’ils vont mal ou qu’ils ont mal, on attend d’eux qu’ils serrent les dents’. Pour diverses raisons, les personnes issues de ces environnements-là ne vont pas dire qu’elles ont mal au ventre, à la tête, qu’elles sont déprimées. Elles sont dans une logique très dure du marche ou crève’". Cela étant dit, même dans des contextes où il est possible d’exprimer ce qui ne va pas, un autre phénomène peut nous contraindre au silence la charge affective. Une conséquence de la charge affective "Nous entendons beaucoup parler de la charge mentale, mais pas assez de la charge affective, poursuit Saverio Tomasella. Si je vais bien et que dans mon entourage proche il y a quelqu’un qui se plaint beaucoup, je peux saturer, ne plus être capable d’entendre la douleur, la souffrance de l’autre… même si c’est quelqu’un que j’apprécie ou que j’aime beaucoup !". Dans cette situation, la personne en "surcharge" va progressivement se fermer, ne plus écouter, ou dire des phrases telles que "je le sais, tu me l’as déjà dit". Face à elle, celle ou celui qui va mal se replie à son tour, se disant qu’il ne faut pas envahir l’entourage avec ses difficultés. En somme "Même dans un environnement très favorable à l’expression de soi, on finit par s’apercevoir que, dans le jeu relationnel, on ne peut pas tout déverser sur les autres. C’est pourquoi on met en place un système de contrôle et de surveillance pour ne pas les assommer". Les dangers de l’autocensure et du refoulement Concrètement, ce système de contrôle implique une censure de nos humeurs et de nos émotions, et cette censure provoque un refoulement. "Le problème du refoulement est qu’on met ça quelque part, dans un endroit peu conscient de son corps, et que ça finit toujours par ressortir. Les burn out émotionnels existent, et on retrouve aussi des gens qui, après 50-60-70 ans, développent des maladies graves, des cancers, parce qu’ils n’ont jamais pleuré, ne se sont jamais autorisés à vivre leurs émotions". Si l’on a d’abord expliqué que cela pouvait être dû à l’éducation et à l’environnement social, le psychanalyste associe également cette censure émotionnelle au New Age courant spirituel né au XXème siècle et à l’apparition de la "pensée positive". Un paradoxe ? Pas vraiment. La pensée positive une nouvelle idéologie morale ? "Depuis quelques dizaines d’années a émergé l’idée selon laquelle nous créons notre réalité avec ce que nous pensons, ce qui n’est pas totalement faux. Mais nous avons mis en place des superstitions qui voudraient que si nous avons la moindre pensée ou parole négatives’, cela pourrait entraîner des catastrophes. Or, ce n’est pas parce qu’à certains moments je suis déprimé ou que je broie du noir que je suis en train de me créer une vie infernale". Selon Saverio Tomasella, une "idolâtrie de la performance psy" a ainsi vu le jour. "On a en tête l’image de ces hommes qui prennent des protéines, font du sport à outrance pour avoir des muscles énormes. Côté psychologique, c’est pareil. Aujourd’hui, les gens ont l’air d’aller super bien, ils parlent de façon ultra positive’, se bidouillent une vie parfaite sur les réseaux sociaux, se fabriquent de fausses psychés… mais derrière ce prétendu “positif’ se cache une nouvelle idéologie morale qui nous rend rigides, autoritaires, intrusifs. Sous prétexte de positivité, les personnes qui se soumettent aux injonctions du tout positif sont en train de créer un nouvel obscurantisme, et c’est grave !". À voir aussi Oser dire que ça ne va pas S’il tire le signal d’alarme, c’est parce que ces injonctions sont culpabilisantes. "Puisqu’il s’agit d’une morale, toute personne ne correspondant pas à cette morale en vigueur se sent coupable, sans valeur, indigne. Le tout positif’ crée non seulement de la culpabilité mais aussi de la honte. C’est dramatique, car c’est précisément en disant ce qui ne va pas que, petit à petit, seul ou à plusieurs, on trouve des solutions, et on arrive à se sentir mieux". Alors, comment cesser de taire nos émotions et comment être vraiment là les uns pour les autres ? En mettant des mots sur nos difficultés. "Nommer ce qu’on ressent est déjà une issue. On a besoin d’être entendu, besoin d’exprimer nos problèmes, nos souffrances".En rayant les mots toxiques de notre vocabulaire. "Personnellement, j’évite de dire positif’ ou négatif’ car les émotions sont toutes importantes et n’ont pas à répondre à ces critères de performance. Quant aux injonctions du type lâche prise’ ou sois dans l’instant présent’, les gens doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’ils le disent que ça va aider".En s’écoutant. "La première chose à faire quand quelqu’un nous parle, c’est de se taire et de l’entendre. En une vingtaine d’années, je constate que nous avons beaucoup régressé dans notre capacité d’écoute. On interdit trop souvent à certaines personnes de parler sous prétexte qu’elles ne sont pas reconnues par le socialement correct, qu’on se dit oh non, elle va encore se plaindre’. Chacun dispose de sa liberté d’expression".En acceptant que l’autre est différent de soi. "Lorsqu’on écoute, on attend avant de faire ou dire quelque chose. On se rappelle qu’on ne sait pas mieux que l’autre et que chaque souffrance est légitime et doit être entendue dans son contexte propre".En s’adressant à des personnes de confiance. "Quand on ne va pas bien, il est important de trouver les rares personnes capables de nous entendre. Si ce n’est pas un proche, cela peut être un thérapeute. Quand on a personne, on peut toujours parler à un psy, et pour ceux qui ont peur de se lancer dans des thérapies longues, je rappelle que quelques séances peuvent suffire à vider son sac et y voir plus clair". Personnedans le monde ne marche du même pasetc Rien n’est plus mal connu que la gérontopsychiatrie, et la première chose à faire est d’essayer de se repérer. DÉMENCE ET FOLIE Ce n’est pas le lieu ici d’étudier la problématique générale de la démence. Disons seulement que, réflexion faite, ce n’était pas si simple il y a des démences dégénératives, il y a des démences qui correspondent à d’indiscutables lésions cérébrales, mais il y a des situations où les choses sont beaucoup plus floues, et nous avons même évoqué la possibilité de démences psychogènes, de suicide psychique, de démence par démission. Par ailleurs nous avons dit aussi que la démence pose au fond deux problèmes celui de la souffrance du malade d’une part, celui de la menace que le déficit cognitif fait peser ou non sur sa sécurité et celle de son entourage d’autre part. Or la souffrance relève d’une prise en charge de type psychothérapeutique, et cela renvoie à la psychiatrie. Quant à la sécurité du malade et des personnes, elle est depuis toujours à la base même de la prise en charge des malades mentaux. Rappelons juste quelques données Pour les Stoïciens, la folie résulte toujours d’un manque de contrôle de l’esprit par lui-même on est responsable de sa folie, et le sujet sain est celui qui observe les normes morales admises. Les insensés, les aliénés, les fous, sont ceux qui ne savent plus respecter les normes sociale le fou du roi est celui qui ne les respecte pas non plus. Lorsqu’on crée les institutions psychiatriques au XVIIe siècle, c’est d’abord pour y entasser les asociaux, quelle que soit l’origine de cette asocialité mendiants, prostituées, malades mentaux. C’est ainsi que Sade sera enfermé à la Bastille, et de là transféré à Charenton. La loi du 30 juin 1838 sur les internements psychiatriques avait été votée pour combler le vide créé par la suppression des lettres de cachet. Dans cette même loi, on précise que l’hospitalisation d’office est décidée quand le malade est dangereux pour lui-même ou la sécurité des personnes ». Alors, qu’est-ce qui fait la différence entre le fou et le dément ? Question d’autant plus cruciale que, par exemple, pendant longtemps le Code Pénal de 1810 précisait Il n’y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action, ou lorsqu’il a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister. » [1]. Et comme la notion de démence est au fil du temps devenue très restrictive, on a ainsi envoyé à la guillotine des malades mentaux notoires ils étaient fous mais pas déments... Le Nouveau Code Pénal corrige cette anomalie N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. » [2]. On pourrait dire que dans la démence il y a toujours un trouble de la mémoire, alors que le malade mental n’a pas lieu d’en présenter un. Mais outre que le malade mental a volontiers des troubles mnésiques, on a vu que dans la démence fronto-temporale le trouble mnésique n’est pas au centre de la problématique. On pourrait dire aussi que le trouble du raisonnement et du jugement est nécessaire au diagnostic de démence. Mais tout délire suppose aussi un trouble du jugement... La manière la plus simple de se tirer d’affaire est de procéder par élimination, en créant de toutes pièces la distinction qu’on veut discerner. Par définition, le dément n’est pas un malade mental. Autrement dit son trouble intellectuel ne s’explique pas par une pathologie psychiatrique telle qu’un état névrotique, une psychose ou une schizophrénie. Il ne s’explique pas non plus par un déficit intellectuel constitué dans l’enfance. Une fois qu’on a accepté ce qu’un tel clivage peut avoir d’artificiel, on peut commencer à distinguer des tableaux cliniques Alzheimer, démence sous-corticale, démence fronto-temporale, démence vasculaire qui stabilisent un peu le concept. Bref il n’est pas si simple de distinguer le dément du fou, et les équipes soignantes sont souvent en difficulté sur ce point. Parler de gérontopsychiatrie suppose qu’on explore trois directions. LE VIEILLISSEMENT PSYCHIATRIQUE Les malades mentaux vieillissent, et avec l’âge les maladies mentales se transforment. On considère habituellement que les pathologies mentales ont plutôt tendance à se stabiliser avec l’âge. Ce n’est pas absolument certain, et il se peut que les observations soient un peu hâtives. Les névroses Il semble que la névrose hystérique évolue en effet vers une stabilisation, comme si l’hystérique était bien forcée d’admettre la perte de ses illusions. On sait toutefois qu’elle trouve parfois une issue dans le suicide. La névrose phobique, la névrose d’angoisse ont tendance également à s’atténuer, mais cela se fait probablement au prix d’une chronicisation de l’angoisse. Cette chronicisation est d’autant plus difficile à apprécier et à gérer que les tranquillisants sont des molécules particulièrement dangereuses chez le sujet âgé. De ce fait il est probable que l’angoisse est sous-traitée chez le patient âgé. Quant à la névrose obsessionnelle, c’est une grande pourvoyeuse de dépressions. C’est en fait le cas de toutes les névroses. Les psychoses On a surtout étudié le délire paranoïaque. Il semble avoir tendance à s’améliorer avec le temps. Mais il faut ici distinguer le délire paranoïaque, qui s’atténue, et la personnalité paranoïaque, qui ne se modifie guère ; ces personnalités pathologiques, difficiles à gérer, constituent une lourde charge en maison de retraite. La psychose maniaco-dépressive semble moins influencée par le vieillissement, ce qui peut poser problème compte tenu notamment des problèmes de tolérance posés par le lithium. La dépression enfin demeure un problème à part entière. Même si on ne parle ici que de la dépression mélancolique, la plus grave, on sait qu’elle est sous-diagnostiquée chez le sujet âgé, et que le traitement en est plus difficile. La schizophrénie Les schizophrènes vieillissent assez mal suicides, toxicomanies, effets secondaires des neuroleptiques, pathologies infectieuses et endocriniennes. Ceux qui arrivent à un âge avancé voient en principe leurs symptômes s’améliorer ; il reste le plus souvent une indifférence, une incapacité à décider, un maniérisme, des stéréotypies. Par contre les troubles cognitifs qui existaient déjà chez le malade jeune ont tendance à s’aggraver. La détérioration Mais toutes ces situations ont tendance à évoluer vers une détérioration intellectuelle tout se passe comme si, à force de penser des choses erronées, le malade finissait par ne plus savoir penser. C’est la démence vésanique des anciens auteurs. La difficulté est ici de porter le diagnostic à bon escient comme on l’a déjà dit, la démence la plus fréquente, y compris chez le malade mental, reste la démence de type Alzheimer. L’hypochondrie L’hypochondrie est constituée par la conviction déraisonnable, voire délirante, d’être atteint d’une lésion organique imaginaire. Cette conviction engendre des symptômes, souvent sous forme de douleur. Des exemples classiques sont la glossodynie, dans laquelle le patient se considère comme atteint d’une lésion de la langue, mais aussi la proctalgie, dans laquelle le patient se plaint de douleurs anales pour lesquelles on ne retrouve aucun substrat organique. Il n’est pas facile d’expliquer la différence entre hypochondrie, hystérie et somatisations ; cette différence ne se fait qu’en examinant la personnalité du malade, le symptôme n’occupant pas la même fonction dans chaque cas. Toujours est-il que si l’hypochondrie est très répandue, elle n’en constitue pas moins un piège redoutable en gériatrie les signes et symptômes des maladies sont souvent discrets, voire déroutants, et l’erreur de diagnostic doit être une obsession. L’hypochondrie tend à se stabiliser avec l’âge on observe souvent des patients qui se croient atteints depuis des années d’une pathologie, souvent digestive, et qui en tirent des conséquences notamment diététiques plus ou moins fantaisistes. Ces croyances sont très souvent assises sur des conceptions médicales anciennes, fausses, mais qui faisaient l’objet d’un consensus culturel à l’époque il suffit de considérer le nombre de cholécystectomies, ou d’hystérectomies, qui au temps de leur jeunesse ont été pratiquées sur les patientes âgées. LES MALADIES PSYCHIATRIQUES AU STADE TARDIF Avec l’âge, on voit apparaître des pathologies particulières. Elle sont difficiles à classifier, d’une part parce que leur mécanisme n’est pas très bien connu, d’autre part parce que la généralisation par la psychiatrie américaine du DSM IV a fait éclater les classifications qui avaient cours en Europe, ce qui est cause d’un désordre important dans les conceptions qu’on se faisait jusque là de ces pathologies. Provisoirement nous proposons d’en rester à la vieille classification française, et d’aborder la question en partant des problématiques pratiques. La question des hallucinations Les hallucinations sont fréquentes chez le sujet âgé. La reprise de quelques définitions permettra sans doute d’y voir un peu plus clair. L’hallucination C’est le fait pour un patient de percevoir des messages sensoriels qui ne correspondent pas à une réalité je regarde ma pelouse et je vois un dragon, alors qu’il n’y a rien. L’hallucination peut être Visuelle c’est le cas des éléphants roses. Auditive Jeanne d’Arc. Mais chez le sujet âgé, elles sont souvent Olfactives c’est la cacosmie du vieillard, qui perçoit indûment des odeurs désagréables. Cénesthésiques impression de frôlements, de touchers. Voire gustatives. L’hallucination doit être distinguée de l’illusion, qui a, elle, un support objectif je regarde ma pelouse, il y a un arbre et sa forme me fait croire que c’est un dragon. Plus simplement un bâton plongé dans l’eau apparaît brisé ; une acouphène peut ressembler à une chanson. Naturellement la frontière entre hallucination et illusion est floue une personne victime de nombreuses illusions sera plus facilement sujette à des hallucinations, et réciproquement. Le délire C’est le fait pour un sujet d’interpréter incorrectement une perception sensorielle exacte je regarde ma pelouse, je vois un arbre et j’en déduis que cet arbre est un espion qui a été placé là par un dragon. La xénophobie est un processus délirant. Ce dernier exemple n’est pas qu’une plaisanterie la grosse difficulté conceptuelle est de faire la part de l’erreur et celle du délire la foi religieuse est-elle un délire ? On distingue donc le délire de l’hallucination en se demandant quelle est la perception qui a engendré le discours erroné. Cette perception a pu être Absente c’était une hallucination ; naturellement une hallucination peut être interprétée de manière délirante. Mal enregistrée il y a eu une illusion. Mal interprétée il y a un délire. Mais un malade qui éprouve des hallucinations est tout de même bien obligé de leur trouver une signification ; c’est pourquoi l’hallucination conduit souvent au délire. La désorientation C’est uniquement le fait de ne pouvoir se repérer dans le temps ou dans l’espace. A noter que l’espace ne change que si je le veux, alors que je ne peux empêcher le temps de changer. Il s’ensuit que la désorientation temporelle est plus fréquente et moins grave que la désorientation spatiale. La confusion C’est un syndrome témoignant d’un mauvais fonctionnement global du cerveau. En général elle comporte agitation, inversion du rythme veille-sommeil, désorientation, hallucinations et délire. On a souvent la chance d’observer un critère essentiel, la perplexité anxieuse le sujet va mal et il le sait. Elle témoigne le plus souvent d’un processus organique Fièvre. Déshydratation. Fécalome, rétention urinaire. Affections intracrâniennes. Troubles hémodynamiques. Intoxications médicamenteuses. Les deux exemples les plus classiques de confusion sont la fièvre l’enfant qui a de la fièvre ne délire » pas il est confus et le delirium tremens. Autant dire que le fait de prononcer le mot de confusion sans déclencher une batterie d’examens médicaux et une faute grave. Cela dit sans méconnaître l’existence de confusions psychogènes, sans méconnaître non plus le fait que la confusion mentale est extrêmement fréquente chez le dément dans près de 50% des cas le sujet âgé qui fait un épisode confusionnel post-opératoire par exemple va présenter une démence dans les mois qui suivent. Ce n’est pas l’intervention qui a provoqué la démence, c’est la démence débutante qui a favorisé la confusion. La personne âgée est souvent victime d’hallucinations. Elle y est prédisposée du fait du vieillissement sensoriel les pathologies de la vision perturbent la perception des images, les acouphènes sont fréquentes ; mais le plus spectaculaire est sans doute le vieillissement olfactif, grand pourvoyeur de perceptions aberrantes, le plus souvent désagréables. Face à un patient qui se plaint de ce genre de trouble il faut appliquer une méthode précise, qui vaut pour toute hallucination Vérifier qu’il n’y a pas une explication naturelle la sinusite chronique est une cause fréquente de mauvaises odeurs. Se demander si le malade adhère à son hallucination le malade qui dit Il me semble sentir une odeur d’égout » n’est pas victime du même phénomène que celui qui dit Je sens une odeur d’égout ». Se demander si le malade sent désagréablement une odeur qui existe mais est peu intense ou peu désagréable c’est la cacosmie du vieillard, qui perçoit indûment des odeurs désagréables, ou s’il sent une odeur là où il n’y a absolument rien c’est alors une hallucination vraie. Une source fréquente d’hallucinations est la désafférentation sensorielle la baisse de l’acuité visuelle engendre facilement des hallucinations, survenant préférentiellement le soir, souvent très précises, toujours uniquement visuelles, en général bien critiquées par le patient. C’est le syndrome de Charles Bonnet, qui a des équivalents dans les autres systèmes sensoriels ; de même l’isolement, la perte de la vie sociale, peuvent entraîner des états hallucinatoires ; ces troubles sont de bon pronostic, et il ne faut pas les traiter d’ailleurs on n’a pas à traiter les hallucinations, sauf si elles gênent le patient. On a vu que certaines maladies cérébrales, et notamment la maladie de Parkinson, s’accompagnent volontiers d’hallucinations ; il faut seulement se rappeler dans ce cas que le traitement peut aussi être en cause. Dans les démences, et notamment l’Alzheimer, la perte de la capacité à analyser le réel favorise les états hallucinatoires. Une forme commune d’hallucination chez le sujet âgé est le délire des cloisons » le patient éprouve la sensation que des images visuelles colorées souvent assimilées à des flammes traverse les murs ; ailleurs c’est un son, une odeur, qui viennent de la pièce voisine. C’est un état hallucinatoire, et si on parle de délire » c’est simplement parce que l’idée que le phénomène pourrait traverser les cloisons est déjà une erreur d’interprétation on a dit plus haut que l’hallucination entraîne facilement un délire dès qu’il s’agit de l’expliquer. La psychose hallucinatoire chronique Il s’agit d’une pathologie relativement rare, qui survient préférentiellement chez la femme de 65-75 ans, et qui est composé uniquement d’hallucinations, le plus souvent olfactives, gustatives ou cénesthésiques. En dehors de ces manifestations hallucinatoires la patiente semble avoir des fonctions supérieures normales. Cependant, après une durée plus ou moins longue, le caractère étrange des sensations incite la patiente à rechercher des interprétations qui mènent très vite au délire. Actuellement on tend à considérer la psychose hallucinatoire chronique comme une forme tardive de schizophrénie mais cette évolution intellectuelle se fait sous l’influence du DSM IV, problème dont on a parlé plus haut. La question des délires Le délire est fréquent chez le sujet âgé. D’une manière générale on doit prendre vis-à -vis des délires les mêmes précautions que vis-à -vis des hallucinations. Vérifier qu’il n’y a pas une explication naturelle un sujet âgé qui se prétend volé est volé jusqu’à preuve du contraire. Se demander si le malade adhère à son délire une chose est de se demander si on a été volé, une autre est de l’affirmer. Se demander si le malade a cru être volé parce qu’il n’a pas compris qu’il devait de l’argent, ou s’il le croit alors qu’il ne s’est rien passé du tout une chose est de n’avoir pas compris, une autre est d’avoir inventé. Mais tout cela dit le délire est fréquent. Citons d’abord quelques situations. La confusion mentale s’accompagne le plus souvent de délire, en raison de l’abolition du sens critique. De même les démences, pour les mêmes raisons ; le plus classique est le délire de vol, qui est très évocateur de l’Alzheimer le malade voit son porte-monnaie, et il se souvient qu’il doit le mettre en lieu sûr. Il imagine donc une cachette, car il en a les moyens intellectuels. Puis il oublie cette cachette. Mais il n’oublie pas qu’il avait de l’argent, et qu’il devait le mettre en lieu sûr ; la conclusion qui s’impose à lui est qu’il avait raison de se méfier. Mais aussi les états hallucinatoires, comme on l’a expliqué. La maladie maniaque présente une forme délirante. Mais aussi la dépression rappelons que la mélancolie est en soi un délire, dans lequel le malade croit qu’il est mauvais, indigne, dangereux c’est une autre forme de mégalomanie le mégalomane se croit l’homme le meilleur du monde, le mélancolique se croit le plus mauvais ; les choses vont parfois jusqu’au syndrome de Cotard, dans lequel le patient croit avoir perdu un organe, une partie de son corps, quand il ne va pas jusqu’à dire Je suis mort », ou Je n’existe pas ». Rappelons que la mélancolie délirante reste l’une des rares indications impératives de la sismothérapie. Sans parler de la difficulté qu’il y a à distinguer le délire de l’erreur. Il y a aussi quelques formes de délire qui sont particulières au sujet âgé. Par exemple on rencontre Des délires à deux un couple assez souvent deux soeurs, souffrant d’isolement, dont l’un des membres présente une psychose chronique tandis que l’autre, atteint d’un déficit intellectuel ou d’un handicap physique, adhère au délire du premier. Des délires en secteur il existe un domaine, très limité, dans lequel le patient est atteint de délire persécutif, érotique, mystique..., alors que dans le reste de sa pensée tout est normal. Ces délires sont très déroutants car on a toujours du mal à comprendre comment la même personne peut penser aussi bien dans tous les domaines sauf un, et aussi mal dans celui qui reste. Des délires de relation, fréquents notamment chez le dément citons le syndrome de Capgras, dans lequel le patient a la conviction que son conjoint a été remplacé par un sosie, ou le "délire du compagnon tardif", dans lequel un soignant, voire un objet familier est investi comme un ami du passé. Des délires plus en rapport avec un trouble sensoriel c’est le cas du syndrome d’Ekböm, délire dans lequel le patient se croit envahi de parasites, le plus souvent cutanés ; le prurit sénile, lié à la sécheresse cutanée, est un facteur favorisant évident. LA CRISE DU VIEILLIR Mais il faut encore considérer un autre point. c’est que le vieillissement est une période de crise, de deuils, à laquelle il faut s’adapter. De ce fait, non seulement elle est particulièrement propice à la réactivation de pathologies psychiatriques anciennes ou stabilisées, non seulement elle est favorable à l’éclosion de pathologies nouvelles, mais encore on peut se demander si certains comportements que nous considérons comme pathologiques ne jouent pas en réalité un rôle protecteur. Des auteurs comme Ploton ou Maisondieu montrent que la démence peut être le dernier refuge d’un patient qui ne peut assumer son vieillissement ou sa mise à l’écart ; il en va de même, on le sait, de nombreux délires, et on a pu dire que la dépression correspondait parfois à un comportement de survie analogue à une hibernation psychique. Mais alors, sommes-nous bien sûrs de savoir distinguer le normal du pathologique ? Nous avions déjà noté qu’il n’est pas si simple d’expliquer en quoi le délire se distingue de l’erreur. On peut aller plus loin au début du XXe siècle Sérieux et Capgras décrivaient la folie raisonnante, sans hallucinations, et donnaient comme exemples Rousseau et Strindberg tous deux atteints de délire de persécution. On voit à quel point il peut être difficile de discriminer folie et lucidité parfaite... Dans un domaine légèrement différent, il est possible de considérer saint Paul comme un grand mystique, mais aussi comme un modèle de paranoïaque. Qu’est-ce qui, chez nos personnes âgées, est normal ? Qu’est-ce qui est pathologique ? Trois exemples suffiront à donner une idée de l’étendue du problème. Il est important de noter la grande fréquence de l’alcoolisme chez le sujet âgé. Cet alcoolisme, souvent méconnu, a toutes les apparences d’une réaction au vieillissement. Il faut certes le considérer comme un alcoolisme A cause du risque de chutes. A cause du risque de complications somatiques l’augmentation de la longévité fait que le sujet âgé aura le temps de les développer. Mais de toute manière parce que le refuge dans l’alcool signifie une grande souffrance. Tout le monde a été au moins une fois confronté à ce problème des personnes âgées qui ont pris l’habitude de vivre dans des conditions d’hygiène parfois inquiétantes, au milieu d’une accumulation d’objets, voire d’immondices, et qui sont un jour envoyés aux Urgences les pompiers, à l’appel du maire ou des voisins. On regroupe maintenant ces situations sous l’appellation de syndrome de Diogène. La question qui se pose est de savoir si ces personnes, qui ne demandent rien, doivent ou non être secourues, de quel droit on se mêle de leurs affaires, alors qu’elles semblent être parfaitement lucides et capables de choisir pour elles-mêmes ; dans ces conditions leur mode de vie relève de leur liberté ; le seul problème est qu’elles dérangent l’ordre social et on retrouve là la vieille problématique du fou est-il dérangé ou dérangeant ?. De récentes études semblent établir qu’en réalité ces sujets présentent des troubles de la pensée et que ce sont des déments. C’est très possible. On ne peut tout de même s’empêcher de penser que ces études tombent à point nommé pour nous tirer d’embarras rien ne nous serait plus difficile que d’admettre qu’on peut vivre hors de nos normes tout en étant sain d’esprit. On est tout de même fortement tenté de se demander si on n’a pas procédé en trois temps On a tout d’abord décidé que ces sujets étaient malades. Puis on a nommé la maladie. Il ne restait plus qu’à savoir en quoi ils étaient malades. Les moyens pour ce faire ne nous manquent pas. Un exemple peut-être plus pur encore est fourni par le syndrome du pélican. Dans tous les parcs animaliers il y a un étang. Et dans cet étang, il y a des pélicans. Si on observe ces pélicans, on voit qu’il y a divers groupes de pélicans. Il y a les pélicans qui se parlent, le pélican qui déambule, les pélicans qui se disputent... et il y a le pélican qui crie. Il y a toujours un pélican qui crie, et il n’y en a jamais deux. De même, dans la grande salle de la maison de retraite, il y a les résidents qui se parlent, le résident qui déambule, les résidents qui se disputent... et il y a le résident qui crie. Il y a très souvent un résident qui crie, et il n’y en a presque jamais deux. On peut tirer de cette observation deux conclusions. D’abord, pourquoi en va-t-il ainsi ? L’audition est le sens qui sert à se défendre ceci est lié au fait qu’on ne voit que ce qui passe dans notre champ visuel, alors qu’on peut entendre ce qui se passe derrière nous. Le pélican qui crie est le guetteur. Sa fonction est de rassurer le groupe en lui signifiant qu’il est en sécurité il crie pour montrer qu’on n’a pas besoin d’écouter. La preuve en est que quand il se tait c’est le signe qu’il faut écouter ; et alors tous les oiseaux s’envolent. La vocalisation a une fonction rassurante. C’est vrai chez les pélicans, c’est vrai chez les bébés, c’est vrai dans les maisons de retraite. C’est pourquoi il est illusoire de chercher à faire taire un résident qui crie d’abord parce qu’il n’est pas conscient de crier ; ensuite parce que s’il s’arrêtait de crier il y a toute chance pour qu’un autre résident prenne sa place. Mais l’autre conclusion est encore plus implacable pourquoi les résidents d’une maison de retraite retrouvent-ils ainsi des comportements animaux ? Il se pourrait que ce soit parce que ce qu’elles vivent n’est pas très humain. Tous les troubles ne sont pas psychiatriques.Leproverbe japonais, Quelques Citations : “L’absent s’éloigne chaque jour.”. “La vie humaine est une rosée passagère.”. “On ne peut pas chasser le brouillard avec un éventail.”. “On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite.”.
l'essentiel Véritable descente aux enfers pour un Italien âgé de 34 ans. L'homme a contracté simultanément le Covid-19, la variole du singe et le VIH. Une première pour les scientifiques. Terrible nouvelle pour cet homme italien. Âgé de 36 ans, il a contracté le Covid-19, la variole du singe et le VIH au même moment. Un cas unique pour les scientifiques, rapporte le média Futura Sciences. En Espagne durant cinq jours au mois de juin, il ressent des symptômes du Covid quelques jours après son retour en Italie fièvre, fatigue, toux... Son test de dépistage ressort positif, mais au même moment son état se dégrade. Des cloques apparaissent sur sa peau, symptômes d'une infection à la variole du singe. Il suit désormais une trithérapie contre le VIH Hospitalisé à cause de terribles douleurs et testé positif à la variole du singe, l'homme explique alors à l'équipe médicale avoir eu des rapports sexuels non protégés avec un autre homme lorsqu'il était en Espagne. Par précaution, les médecins réalisent un dépistage pour les IST. Les analyses confirment une infection au VIH. Le taux du virus confirme également que l'infection est toute récente. La relation sexuelle semblerait donc être à l'origine de la triple infection, d'après les médecins. Le cas étant unique, personne n'est en capacité de dire si la santé de l'homme sera durablement affectée par ces infections simultanées. Pour l'heure, il a pu sortir de l'hôpital après la disparition des symptômes du Covid-19 et de la variole du singe. Il suit désormais une trithérapie contre le VIH.Danstous les deux système de vente, le recrutement de vendeurs / promoteurs est une des clés du MLM et du marketing de réseau. En effet, le succès vient des personnes que vous allez recruter et qui vont faire la promotion des produits auprès de leurs contacts via l’effet “boule de neige” : 1 personne convaincue peut convaincre 5 autres personnes qui vont aussi
176 pays de la planète sont désormais touchés par le Covid-19. Il apparaît clairement que la pandémie représente la plus grande menace que l’humanité ait eu à affronter depuis la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, la confiance dans la coopération internationale et les institutions multilatérales avait atteint un point historiquement bas ; c’est à nouveau le cas aujourd’hui. Si l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale avait pris de nombreuses personnes par surprise, ce ne fut pas le cas pour l’apparition du coronavirus en décembre 2019 la crise sanitaire était annoncée. Depuis des décennies, les spécialistes des maladies infectieuses alertent l’opinion publique et les dirigeants sur l’accélération du rythme des épidémies. La dengue, Ebola, le SRAS, H1N1 et Zika ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Depuis 1980, plus de 12 000 foyers ont été documentés. Des dizaines de millions de personnes dans le monde – tout particulièrement parmi les populations les plus démunies – ont été infectées et bon nombre d’entre elles sont décédées. En 2018, l’Organisation mondiale de la santé OMS a détecté pour la toute première fois des foyers de six de ses huit maladies prioritaires ». Nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas été prévenus. Même si notre attention est aujourd’hui prioritairement consacrée aux innombrables situations d’urgence générées par le Covid-19, nous devons réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles la communauté internationale n’était pas préparée à une épidémie si inévitable. Ce n’est pourtant pas la première fois, loin de là , que nous sommes confrontés à une catastrophe mondiale. La Seconde Guerre mondiale s’explique en bonne partie par l’incapacité dramatique des dirigeants à tirer les leçons de la guerre de 1914-1918. La création des Nations unies et des institutions de Bretton Woods à la fin des années 1940 et au début des années 1950 a donné quelques raisons d’être optimiste, mais celles-ci ont été éclipsées par la guerre froide. En outre, les révolutions Reagan et Thatcher des années 1980 ont réduit la capacité des gouvernements à lutter contre les inégalités par la fiscalité et la redistribution, ainsi que leur capacité à fournir aux populations des services de santé et des services essentiels. La capacité des institutions internationales à réguler la mondialisation a été sapée précisément au moment où elle aurait été le plus utile. Les années 1980, 1990 et 2000 ont vu une augmentation rapide des mouvements transfrontaliers des biens commerciaux, des moyens financiers et des individus. L’accélération des flux de biens, de services et de compétences est l’une des principales raisons de la réduction de la pauvreté mondiale la plus rapide de toute l’histoire. Depuis la fin des années 1990, plus de 2 milliards de personnes sont sorties de la grande pauvreté. L’amélioration de l’accès à l’emploi, à l’alimentation, à l’assainissement et à la santé publique notamment grâce à la disponibilité des vaccins a ajouté plus d’une décennie d’espérance de vie moyenne à la population mondiale. Mais les institutions internationales n’ont pas su gérer les risques générés par la mondialisation. Les prérogatives des Nations unies n’ont pas été élargies, loin de là . Le monde est gouverné par des nations divisées qui préfèrent faire cavalier seul, privant les institutions censées garantir notre avenir des ressources et de l’autorité nécessaires pour mener leurs missions à bien. Ce sont les bailleurs de l’OMS, et non son personnel, qui ont lamentablement échoué à faire en sorte qu’elle puisse exercer son mandat vital de protection de la santé mondiale. L’effet papillon néfaste de la globalisation Plus le monde est connecté, plus il devient interdépendant. C’est le revers de la médaille, le Butterfly defect » de la mondialisation qui, s’il n’est pas corrigé, signifie inévitablement que nous allons être confrontés à des risques systémiques croissants et de plus en plus dangereux. Une touriste devant le Colisée, à Rome. L’Italie a enregistré le plus grand nombre de morts. Andreas Solaro/AFP La crise financière de 2008 a été l’une des illustrations les plus frappantes de ce phénomène. L’effondrement économique a résulté de la négligence dont les autorités publiques et les experts ont fait preuve dans la gestion de la complexité croissante du système financier mondial. Il n’est pas surprenant que l’insouciance de l’élite politique et économique mondiale ait coûté cher à ses représentants dans les urnes. Faisant campagne explicitement sur l’hostilité envers la mondialisation et les experts, les populistes ont pris d’assaut le pouvoir dans de nombreux pays. Enhardis par l’indignation du grand public, ils ont remis au goût du jour une tradition ancienne consistant à blâmer les étrangers et à tourner le dos au monde extérieur. Le président des États-Unis, en particulier, a rejeté la pensée scientifique et diffusé des fausses nouvelles, et s’est détourné des alliés traditionnels de Washington et des institutions internationales. Le nombre de personnes infectées augmentant rapidement, la plupart des responsables politiques reconnaissent désormais le terrible coût humain et économique du Covid-19. Le pire scénario envisagé par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies Centers for Disease Control est qu’environ 160 à 210 millions d’Américains seront infectés d’ici à décembre 2020. Jusqu’à 21 millions de personnes devront être hospitalisées et entre 200 000 et 1,7 million de personnes pourraient mourir d’ici un an. Les chercheurs de l’Université de Harvard estiment que 20 à 60 % de la population mondiale pourrait être infectée, et qu’entre 14 et 42 millions de personnes pourraient perdre la vie. Le niveau de la mortalité dépendra de la rapidité avec laquelle les sociétés sauront réduire les nouvelles infections, isoler les malades et mobiliser les services de santé, et de la durée pendant laquelle les rechutes pourront être évitées et contenues. Sans vaccin, le Covid-19 restera une force perturbatrice majeure pendant des années. Quelles catégories de la population mondiale seront le plus affectées ? La pandémie sera particulièrement préjudiciable aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables dans de nombreux pays, ce qui met en évidence les risques associés à l’accroissement des inégalités. Aux États-Unis, plus de 60 % de la population adulte souffre d’au moins une maladie chronique. Environ un Américain sur huit vit en dessous du seuil de pauvreté – plus des trois quarts d’entre eux ont du mal à boucler leurs fins de mois et plus de 44 millions de personnes aux États-Unis n’ont aucune couverture santé. La situation est encore plus dramatique en Amérique latine, en Afrique et en Asie du Sud, où les systèmes de santé sont considérablement plus faibles et les gouvernements moins aptes à répondre aux défis posés par l’épidémie. Ces risques latents sont aggravés par l’incapacité de dirigeants tels que Jair Bolsonaro au Brésil ou Narendra Modi en Inde à prendre la question suffisamment au sérieux. Les retombées économiques du Covid-19 seront considérables partout. La gravité de l’impact dépendra de la durée de la pandémie et de la réponse nationale et internationale qu’apporteront les gouvernements. Mais même dans le meilleur des cas, cette crise économique dépassera de loin celle de 2008 par son ampleur et son impact, entraînant des pertes qui pourraient dépasser 9 000 milliards de dollars, soit bien plus de 10 % du PIB mondial. Dans les communautés pauvres où de nombreux individus vivent à plusieurs dans une pièce prévue pour une seule personne et doivent travailler pour mettre de la nourriture sur la table, l’appel à la distanciation sociale sera très difficile, voire impossible à respecter. Dans le monde entier, alors que de plus en plus de personnes verront leurs revenus baisser, on assistera à une augmentation rapide du nombre de sans-abri et de personnes souffrant de la faim. Le bidonville de Mukuru Kwa Njenga à Nairobi. Le Covid-19 devrait être particulièrement dévastateur pour les pays pauvres. Simon Maina/AFP Aux États-Unis, un nombre record de 3,3 millions de personnes ont déjà demandé des allocations chômage ; en Europe, le chômage atteint également des niveaux record. Mais alors que dans les pays riches, un certain filet de sécurité existe encore, même s’il est trop souvent en lambeaux, les pays pauvres, eux, n’ont tout simplement pas la capacité de garantir que personne ne meure de faim. Les chaînes d’approvisionnement sont rompues du fait de la fermeture des usines et du confinement des travailleurs ; et les consommateurs sont empêchés de voyager, de faire des achats autres qu’alimentaires ou de s’engager dans des activités sociales. Il n’y a donc pas de possibilité de relance budgétaire. Et la marge de manœuvre en matière de politique monétaire est quasiment inexistante car les taux d’intérêt sont déjà proches de zéro. Les gouvernements devraient donc s’efforcer de fournir un revenu de base à tous ceux qui en ont besoin, afin que personne ne meure de faim à cause de la crise. Alors que ce concept de revenu de base semblait utopique il y a seulement un mois, sa mise en place doit maintenant se retrouver en tête des priorités de chaque gouvernement. Un Plan Marshall mondial L’ampleur et la férocité de la pandémie exigent des propositions audacieuses. Certains gouvernements européens ont annoncé des trains de mesures visant à éviter que leurs économies ne soient paralysées. Au Royaume-Uni, le gouvernement a accepté de couvrir 80 % des salaires et des revenus des travailleurs indépendants, jusqu’à 2 500 livres 2 915 dollars par mois, et de fournir une bouée de sauvetage aux entreprises. Aux États-Unis, une aide colossale de 2 000 milliards de dollars a été décidée, et ce n’est probablement qu’un début. Une réunion des dirigeants du G20 a également débouché sur la promesse d’un déblocage de 5 000 milliards de dollars, mais les modalités restent encore à préciser. La pandémie marque un tournant dans les affaires nationales et mondiales. Elle met en évidence notre interdépendance et montre que lorsque des risques se présentent, nous nous tournons vers les États, et non vers le secteur privé, pour nous sauver. La réaction économique et médicale sans précédent mise en œuvre dans les pays riches n’est tout simplement pas à la portée de nombreux pays en développement. Il en résulte que les conséquences seront beaucoup plus graves et durables dans les pays pauvres. Les progrès en matière de développement et de démocratie dans de nombreuses sociétés africaines, latino-américaines et asiatiques seront remis en cause. Cette pandémie mondiale aggravera considérablement non seulement les risques climatiques et autres, mais aussi les inégalités au sein des pays et entre eux. Un plan Marshall global, avec des injections massives de fonds, est nécessaire de toute urgence pour soutenir les gouvernements et les sociétés. Contrairement à ce qu’ont avancé certains commentateurs, la pandémie de Covid-19 ne sonne pas le glas de la mondialisation. Si les voyages et le commerce sont gelés pendant la pandémie, il y aura une contraction ou une démondialisation. Mais à plus long terme, la croissance continue des revenus en Asie, qui abrite les deux tiers de la population mondiale, signifiera probablement que les voyages, le commerce et les flux financiers reprendront leur trajectoire ascendante. Il reste que, en termes de flux physiques, 2019 restera probablement dans l’histoire comme une période de fragmentation maximale de la chaîne d’approvisionnement. La pandémie accélérera le redéploiement de la production, renforçant une tendance à rapprocher la production des marchés qui était déjà en cours. Le développement de la robotique, de l’intelligence artificielle et de l’impression en 3D, ainsi que les attentes des clients qui souhaitent une livraison rapide de produits de plus en plus personnalisés, des politiciens désireux de ramener la production chez eux et des entreprises cherchant à minimiser le prix des machines, suppriment les avantages comparatifs des pays à faible revenu. La structure du coronavirus. Getty Images Ce n’est pas seulement la fabrication qui est automatisée, mais aussi les services tels que les centres d’appel et les processus administratifs qui peuvent maintenant être réalisés à moindre coût par des ordinateurs dans le sous-sol d’un siège social plutôt que par des personnes situées dans des endroits éloignés. Cela pose de profondes questions sur l’avenir du travail partout dans le monde. Il s’agit d’un défi particulier pour les pays à faible revenu qui comptent une population jeune à la recherche d’emplois. Rien qu’en Afrique 100 millions de nouveaux travailleurs devraient entrer sur le marché du travail au cours des dix prochaines années. Leurs perspectives n’étaient pas claires avant même que la pandémie ne frappe. Aujourd’hui, elles sont encore plus précaires. Les conséquences pour la stabilité politique À une époque où la foi en la démocratie se trouve à son plus bas niveau depuis des décennies, la détérioration des conditions économiques aura des implications profondes sur la stabilité politique et sociale. Il existe déjà un énorme fossé de confiance entre les dirigeants et les citoyens. Certains dirigeants politiques envoient des signaux contradictoires aux citoyens ; ce qui réduit encore la confiance de ceux-ci envers les autorités et les experts ». Ce manque de confiance peut rendre la réponse à la crise beaucoup plus difficile au niveau national, et a déjà commencé à affecter négativement la réponse mondiale à la pandémie. Même si elles ont lancé des appels urgents à la coopération multilatérale, les Nations unies demeurent hors jeu, ayant été mises à l’écart par les grandes puissances au cours de ces dernières années. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont promis d’injecter des milliards, voire des billions de dollars, dans l’effort international, devront intensifier leurs activités pour avoir un impact significatif. Les villes, les entreprises et les organisations philanthropiques viennent combler le vide laissé par le manque de leadership international des États-Unis. La réaction de la Chine à la pandémie lui a permis de passer, aux yeux de l’opinion publique mondiale, du rôle de responsable de la catastrophe à celui de héros, notamment parce qu’elle a su développer son soft power en envoyant des médecins et des équipements aux pays touchés. Des chercheurs singapouriens, sud-coréens, chinois, taïwanais, italiens, français et espagnols publient et partagent activement leur expérience, notamment en accélérant les recherches sur ce qui fonctionne. Certaines des actions les plus enthousiasmantes n’ont pas été lé fait des États. Par exemple, des réseaux de villes tels que la Conférence américaine des maires et la Ligue nationale des villes échangent rapidement des bonnes pratiques sur la manière d’empêcher la propagation des maladies infectieuses, ce qui devrait améliorer les réponses locales. La Fondation Bill et Melinda Gates a contribué à hauteur de 100 millions de dollars au développement des capacités sanitaires locales en Afrique et en Asie du Sud. Des groupes comme le Wellcome Trust, Skoll, les Open Society Foundations, la Fondation des Nations unies et se sont également engagées dans le combat global contre la pandémie. Il va sans dire que les problèmes complexes liés à la mondialisation ne seront pas résolus par des appels au nationalisme et à la fermeture des frontières. La propagation du Covid-19 doit s’accompagner d’un effort international coordonné pour trouver des vaccins, fabriquer et distribuer des fournitures médicales et, une fois la crise passée, faire en sorte que nous ne soyons plus jamais confrontés à ce qui pourrait être une maladie encore plus mortelle. Le temps n’est pas aux récriminations, mais à de l’action. Les gouvernements nationaux et les administrations municipales, les entreprises et les citoyens ordinaires du monde entier doivent faire tout leur possible pour aplatir immédiatement la courbe de l’épidémie, en suivant l’exemple de Singapour, de la Corée du Sud, de Hongkong, de Hangzhou et de Taïwan. La réponse mondiale doit être organisée par une coalition de volontaires Aujourd’hui plus que jamais, une réponse globale s’impose. Le G7 et les principales économies du G20 semblent à la dérive sous leur direction actuelle. Bien qu’ils aient promis d’accorder une attention particulière aux pays les plus pauvres et aux réfugiés, leur récente réunion virtuelle a été trop tardive et n’a pas débouché sur des résultats notables. Mais cela ne doit pas empêcher les autres acteurs de tout faire pour atténuer l’impact de Covid-19. En partenariat avec les pays du G20, une coalition créative de pays volontaires devrait prendre des mesures urgentes pour rétablir la confiance non seulement dans les marchés mais aussi dans les institutions mondiales. L’Union européenne, la Chine et d’autres nations devront monter en puissance et diriger un effort mondial, en entraînant les États-Unis dans une réponse mondiale qui comprendra l’accélération des essais de vaccins et la garantie d’une distribution gratuite une fois qu’un vaccin et des antiviraux auront été trouvés. Les gouvernements du monde entier devront également prendre des mesures draconiennes pour investir massivement dans la santé, l’assainissement et la mise en place d’un revenu de base. Hôpital de campagne temporaire destiné à l’isolement des patients atteints du Covid-19 à Shoreline, État de Washington, États-Unis. EFE-EPA Nous finirons par surmonter cette crise. Mais trop de gens seront morts, l’économie aura été gravement touchée et la menace de pandémie subsistera. La priorité doit donc être non seulement la reprise, mais aussi la mise en place d’un mécanisme multilatéral solide visant à garantir qu’une pandémie similaire, voire pire, ne se reproduise jamais. Aucun mur, aussi haut qu’il soit, ne suffira à empêcher la prochaine pandémie, ni d’ailleurs aucune des autres grandes menaces qui pèsent sur notre avenir. Mais ce que ces hauts murs empêcheront, c’est la circulation des technologies, des personnes, des finances et surtout des idées et de la volonté de coopération collective dont nous avons besoin pour faire face aux pandémies, au changement climatique, à la résistance aux antibiotiques, au terrorisme et aux autres menaces mondiales. Le monde avant et après le coronavirus ne peut pas être le même. Nous devons éviter les erreurs commises au cours du XXe siècle et au début du XXIe siècle en entreprenant des réformes fondamentales pour faire en sorte que nous ne soyons plus jamais confrontés à la menace de pandémies. Si nous pouvons travailler ensemble au sein de nos pays respectifs, pour donner la priorité aux besoins de tous nos citoyens, et au niveau international pour surmonter les clivages qui ont contribué à l’intensification des menaces de pandémie, alors un nouvel ordre mondial pourrait être forgé à partir du terrible feu de cette pandémie. En apprenant à coopérer, nous aurions non seulement appris à arrêter la prochaine pandémie, mais aussi à faire face au changement climatique et à d’autres menaces fondamentales. Le moment est venu de commencer à construire les ponts nécessaires, dans nos pays et partout dans le monde.Ceministre doit, en concertation avec l’Office et les autres ministres concernés et avant le 17 décembre 2007, présenter au gouvernement un rapport sur l’état d’avancement des travaux. Ce rapport est déposé dans les 30 jours suivants par ce ministre à l’Assemblée nationale ou, si elle ne siège pas, dans les 30 jours de la reprise de ses travaux.